Régis de Martrin-Donos expose pour la troisième fois à la galerie.
"Comme un pèlerin sur les pas de Vincent Van Gogh, j'ai choisi d'aller peindre au printemps 2022 en Provence.
Ma démarche était de travailler en priorité des sujets sauvages, préservés de l'impact des hommes. Je suis allé chercher des sites reculés où la nature subit la sécheresse. C'est l'idée de peindre ce qui disparaîtra dans les décennies à venir. Sous-bois, sources, arbres, pâturages, autant de sujets qui souffrent de la hausse des températures. Ma peinture est un témoignage de ce qu'on s'efforce de détruire. Sur la route quelques endroits encore hors du temps se sont révélés à moi. Souvent le sujet s'impose de lui-même après de longues marches, sous un soleil harassant, à la recherche d'un nouveau motif. J'ai tenté de traduire cette beauté fragile par des touches légères et vibrantes.
Et puis je suis descendu plus au sud pour traverser l'Espagne et le Portugal. Mon choix m'a porté vers les terres, là où plus personne ne va, loin des routes touristiques. J'ai alors découvert une Espagne ravagée par l'agriculture intensive. Des parcelles de blé à perte de vue. Plus un arbre. Pas une ombre. Un désert de monoculture et des villages fantômes, sans commerces, sans vies. C'est cet état du monde que j'ai voulu transcrire. Et ce soleil qui écrase tout de sa lumière blanche.
Au Portugal, le dérèglement climatique était aussi d'actualité. A Guarda un incendie d'une ampleur inédite s'est déclaré sous mes yeux. Spectateur impuissant, j'ai peint avec frénésie ce sujet étonnamment moderne."
Régis de Martrin-Donos